Monday, February 25, 2008

Il sera interdit de promener plus de deux chiens dans Ville-Marie - La Presse

Mario Paquet (Photo Armand Trottier, La Presse)

Mario Paquet
Photo Armand Trottier, La Presse

Sara Champagne
Le samedi 19 janvier 2008
La Presse

L'aventure des neuf chiens de Mario Paquet, ce sans-abri du centre-ville qui avait été jusqu'en Cour supérieure pour sauver l'une de ses bêtes de l'euthanasie, achève. L'arrondissement de Ville-Marie est sur le point de modifier son règlement pour interdire de promener plus de deux chiens à la fois en laisse sur le domaine public, a appris La Presse.


Le nouveau règlement sera soumis à un premier vote des élus à la prochaine séance du conseil d'arrondissement, le 5 février. Il n'est pas exclu qu'il comporte une exception pour les gens dont le métier est de promener les chiens, mais la décision n'a pas encore été prise, indique-t-on à l'arrondissement.

Benoît Labonté, maire de Ville-Marie, explique que les nouvelles restrictions s'inscrivent dans la foulée des mesures qui ont été prises, l'été dernier, pour bannir les chiens du square Viger et du parc Émilie-Gamelin. Il se défend bien d'agir contre Mario Paquet ou sa meute de chiens.

«Je pense que tout le monde va comprendre que dans le contexte d'un centre-ville, on ne peut pas avoir cinq ou six chiens par personne sur le trottoir. Imaginez si on multiplie ce nombre de chiens par 20, 25 ou 30 citoyens. Nous sommes ici dans un endroit de cohabitation, pas dans un chenil», estime M. Labonté.

Découragé

Mario Paquet, lui, ne voit pas le nouveau règlement du même oeil. Dans son nouveau repère, à l'entrée d'un commerce vacant, angle Sainte-Catherine et Saint-Thimothée, il explique qu'il se sent visé directement. Il est découragé. D'autant plus que l'annonce survient deux semaines seulement après un autre incident impliquant ses chiens et un citoyen, mordu légèrement à deux endroits. Il s'agit du deuxième incident à survenir en deux ans.

«Il faisait noir et j'étais dos à l'homme qui a été attaqué par mes chiens, explique M. Paquet. Mes chiens ont voulu sauter sur son chien. C'est malheureux, mais j'avais omis de porter l'une de mes ceintures qui me relie à mes chiens par des laisses. Je n'ai pas pu agir.»

Si l'arrondissement va de l'avant avec l'adoption du nouveau règlement, M. Paquet prévient qu'il partira en croisade et qu'il n'hésitera pas à porter plainte auprès de la Commission des droits de la personne, en se basant sur sa condition sociale et son droit de propriété. «On fera circuler une pétition, ajoute-t-il. S'il le faut, j'irai même en Cour supérieure pour défendre mes droits à avoir des chiens dans la rue. Mes chiens sont ma famille, ma raison de vivre.»

À la Société de développement commercial (SDC) du Village, où on affirme avoir reçu de nombreuses plaintes des commerçants contre les chiens de M. Paquet, on approuve la décision de l'arrondissement. «On n'a rien contre Mario, il fait partie du quartier, de son âme, il est là depuis 10 ans. Sauf qu'on ne veut pas d'une troisième attaque», dit Bernard Plante, directeur général de la SDC.


Phénomène en hausse

Selon lui, le phénomène des sans-abri avec trois ou quatre chiens grimpe en popularité. On se l'explique mal, ajoute M. Plante. «Mais c'est dangereux. Comment voulez-vous retenir 600 ou 700 livres de pression au bout d'une laisse? Même un géant n'y arriverait pas.»


Celui qui a été attaqué abonde dans le même sens, et n'a pas l'intention de lâcher le morceau. «Je vais tout faire pour que les trois chiens de la meute qui ont sauté sur nous ne soient plus dans la rue, affirme Bradley Boss, qui était en compagnie de son ami le soir du 4 janvier quand il a été mordu. J'ai même écrit au maire de Montréal.»

Depuis l'incident, Mario Paquet affirme que trois de ses chiens sont tenus en muselière. Quand La Presse l'a rencontré, les neuf bêtes étaient réfugiées sous une bâche bleue. Il y avait du vent à écorner les boeufs, une journée parmi tant d'autres pour Mario Paquet qui a choisi la rue de plein gré.

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